FOOTBALL – Belkacem Zobiri : « Si on avait douté, on serait en CFA2 »
Homme de confiance et véritable relais d’Azouz Hamdane, Belkacem Zobiri vient de boucler sa deuxième saison sous les couleurs de l’AC Amiens. Bien au-delà de son bilan statistique, il a joué un rôle déterminant dans l’opération sauvetage menée à son terme par les Amiénois.
Belkacem, vous venez de clore une saison loin d’être évidente…
Dès le début, on s’attendait à vivre une saison compliquée. Il y a eu énormément de chamboulements dans l’effectif. On avait perdu beaucoup de joueurs de qualité, on est parti avec un groupe jeune même si le onze de départ avait de l’expérience. Dans l’adversité, on a su aller chercher des valeurs au fond de nous pour atteindre l’objectif. Malgré l’irrégularité de nos résultats, l’objectif du début de saison a été atteint.
Cette saison peut-elle instaurer une nouvelle dynamique pour la saison prochaine ?
Ce qui a été positif, c’est que le groupe a toujours été concerné. Les joueurs n’ont jamais lâché, on a toujours su répondre présent dans les moments difficiles. Il ne faut pas minimiser notre performance, ce ne sont pas des petites équipes qui sont descendues. Dieppe a un beau stade, de belles infrastructures, Calais avec son histoire et un stade intéressant, ainsi que Wasquehal et son bassin de population. On a donc fait notre petit bonhomme de chemin et on avait amplement notre place dans ce championnat. Le club n’avait jamais connu ce genre de situation, on ne peut donc qu’apprendre de cette saison. Le groupe se connaît mieux et je pense que c’est de bon augure pour l’avenir. Je n’ai jamais douté, je ne suis pas le genre de personne à le faire. Je n’avais que l’objectif en tête et j’étais confiant car je connaissais la qualité de ce groupe. Les jeunes sont intéressants, Amiens Nord reste un tremplin pour beaucoup de jeunes. Si on avait douté, on serait en CFA2. C’est une certitude.
Que retenez-vous de cette saison sur le plan personnel ?
Je n’ai pas marqué beaucoup de buts mais je ne cours pas après les statistiques. Je tente d’être généreux et de me mettre au service du collectif. Je connais parfaitement mes qualités, je sais qu’elles sont limitées. J’aborderai toujours les choses de cette manière et cela ne changera pas dans mon parcours futur. J’ai envie de voir des joueurs comme Mickael Despois ou Landry Matondo, qui sont du quartier, aller plus haut. Si je peux les aider à se faire remarquer pour aller goûter au National ou à la Ligue 2, j’en serais ravi.
Cet état d’esprit a également été une de vos forces…
C’est certain. Si on n’avait pas eu un collectif soudé, on aurait explosé au retour de la trêve hivernale. L’entraîneur a eu les bons mots à des moments donnés, il a su nous donner des responsabilités et nous ne les avons pas fuies sur le terrain.
Les joueurs expérimentés ont joué un rôle prépondérant…
Cela fait deux ans que je travaille avec le coach, j’apprends encore à le connaître, et c’est vraiment quelqu’un de passionné et de très compétent. Je ne me suis jamais ennuyé à l’un de ses entraînements. Il a su nous déléguer des responsabilités, ce qui est logique quand on revendique un rôle de cadres, il a eu la bonne approche alors que l’on traversait un moment difficile.
A quoi peut-on s’attendre l’année prochaine ?
Le club va jouer sa septième saison en CFA, cela prouve qu’il est ancré dans le paysage de ce championnat. L’entraîneur a donné une identité de jeu à cette équipe, tout le monde sait qu’Amiens va jouer au football. Cependant, c’est très difficile contre des équipes parisiennes qui mettent beaucoup d’engagement physique. Il faut donc s’appuyer sur ce que l’on a fait de bien cette saison, à savoir l’état d’esprit et les valeurs humaines, tout en haussant notre niveau de jeu technique. Si on y parvient, je pense que le club fera une bonne saison. Il ne faut pas oublier que l’AC Amiens n’a pas vocation à être l’Amiens SC. Il y a une identité et des valeurs bien précises, le club joue un rôle social majeur dans le quartier. Il faut que tout ce travail perdure.
Quel regard portez-vous sur la saison historique réalisée par l’Amiens SC ?
J’ai l’impression que le club a su corriger les erreurs commises dans le passé. Après notre montée en 2010-2011, le club était rapidement redescendu. Cette fois-ci, le bébé a été confié à quelqu’un de compétent en faisant confiance au groupe qui avait obtenu la montée en Ligue 2. Ce n’était pas notre cas. Nous étions montés sur des valeurs de combat mais une fois en Ligue 2 je n’ai plus reconnu cette équipe. De l’extérieur, j’ai le sentiment que les choses étaient bien différentes cette saison. Ils ne se prennent pas la tête, ils savent très bien qu’ils ne sont pas favoris et surtout ils savent d’où ils viennent. Je suis très heureux pour eux car beaucoup de joueurs méritent cette récompense.
Cela peut-il être une belle locomotive pour le sport amiénois ?
Il y a amplement la place pour deux clubs à Amiens. L’Amiens SC restera le club phare de la région et il doit entraîner tous les clubs derrière lui. L’Amiens SC en Ligue 1 c’est une excellente nouvelle pour tout le football picard. Je pense que cela va amener beaucoup de choses positives en matière d’infrastructures et de professionnaliser des pratiques autour du football.
Serez-vous là pour voir cette possible évolution ?
On n’en a pas encore discuté avec l’entraîneur ou le président. On va voir quel est leur projet, s’ils désirent poursuivre avec moi. En tout cas, je me sens bien à l’AC Amiens et j’espère encore apporter beaucoup de choses aux jeunes joueurs. Je ne suis pas passé par un centre de formation, j’ai dû me battre pour y arriver. Sortir de Gap, dans les Hautes-Alpes, il faut donc en vouloir. Tout ce que j’ai eu dans la vie, je l’ai obtenu par moi-même. Si je peux transmettre ses valeurs d’humilité et de combat pour réussir, aussi bien dans le football que dans la vie, j’en serais heureux.
Propos recueillis par Romain PECHON
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