FOOTBALL – Azouz Hamdane : « Je me suis senti très seul… »
A la tête de l’AC Amiens depuis 2000, Azouz Hamdane a de nouveau réussi l’exploit de maintenir son club en CFA. Un exploit au regard des moyens de plus en plus limités mis à disposition du club des quartiers nord. A tel point que pour la première fois depuis leur accession à ce niveau de la compétition, les Amiénois ont réellement éprouvé des difficultés pour obtenir leur maintien. L’AC Amiens pourra-t-il, dans un tel contexte, renouveler pareille performance la saison prochaine ? La question mérite d’être posée et débattue.
Vous venez d’officialiser votre maintien en CFA. J’imagine que c’est un véritable soulagement au regard de votre saison…
Je suis avant tout très fier de dire que nous avons gagné le droit de participer à une septième saison consécutive en CFA. Pour un club comme le notre, avec les moyens dont on dispose et nos conditions d’entraînement, c’est une vraie performance. Je tiens à féliciter mes joueurs, l’ensemble de mon staff, mes dirigeants et le public qui nous a supportés même dans la difficulté.
Avez-vous douté de la capacité de votre effectif à mener à bien cet objectif ?
On doute toujours mais je me suis toujours interdit de penser que l’on descendrait. C’est assez facile de le dire aujourd’hui mais je n’ai jamais préparé la saison prochaine en me disant que nous serions en CFA2. J’ai douté quand on a enchaîné les défaites mais j’ai surtout remis en cause mes méthodes, j’ai donc tenté de nombreuses approches. Il y a eu des choses qui ont marché, d’autres moins. Ce qui est sûr, c’est que cette saison a été très enrichissante. Paradoxalement, c’est peut-être l’une des plus belles saisons sur le plan relationnel. Ce groupe est vraiment exceptionnel sur le plan de l’état d’esprit. Il n’a jamais explosé et je suis persuadé que c’est la cause à l’origine de notre sauvetage.
Néanmoins, cela devient de plus en plus compliqué pour un club structuré comme le vôtre de se maintenir en CFA…
Pendant que les autres se renforcent, nous sommes dans l’obligation de dégraisser. Nous sommes donc à la place que notre effectif mérite. Nous travaillons mais c’est particulièrement difficile de faire des miracles avec deux bouts de ficelle. Je me suis senti très seul, à l’exception des membres du club, dans les moments difficiles. Heureusement que j’ai pu compter sur la famille et les amis. C’est pour cela que je suis d’autant plus fier d’avoir réussi ce challenge.
L’avenir passe-t-il forcément par une collaboration plus étroite avec l’Amiens SC ?
On en parle mais je ne vais pas obliger une femme à m’aimer ! La collaboration doit être voulue par les deux parties. Si on est partenaires, on se met autour d’une table et on discute réellement. J’ai cru comprendre qu’il y avait des volontés et des réunions qui se mettent en place. A ce jour, je n’en vois pas réellement la concrétisation. Par exemple, celui qui nous met un but contre Croix est un joueur qui était à l’Amiens SC, l’an dernier. Je veux bien entendre les beaux discours mais je suis un homme de terrain. Seuls les actes concrets comptent à mes yeux et ils tardent à arriver.
Le maintien acquis, vous allez avoir un peu plus de temps pour préparer la saison prochaine…
Effectivement, nous allons déjà rencontrer les joueurs de l’effectif actuel. Avec certains, l’aventure va se poursuivre tout naturellement. Parmi eux, il y a des joueurs importants qui m’ont déjà confirmé leur volonté de continuer avec nous malgré les conditions du club. C’est un révélateur de ce qu’il s’est passé cette saison en matière de relationnel entre les joueurs et le staff. Par la suite, il y a deux trois joueurs que je souhaite faire venir. Nous avons ciblé nos manques, reste à savoir si nous allons pouvoir les faire venir, c’est désormais du ressort du président. En tout cas, j’espère que cette saison aura servi de modèle pour bien faire comprendre à tout le monde que l’on ne peut pas constituer un groupe de CFA avec une quinzaine de gamins qui n’ont jamais évolué à ce niveau-là. Je souhaite donc conserver une grosse ossature et que l’on arrête de faire partir douze joueurs chaque saison. Des jeunes comme Ringot, Labhiri se sont révélés, Nzeza a fait une très bonne saison en DH, ils sont en outre dans l’état d’esprit que je recherche. L’enjeu est qu’ils confirment la saison prochaine et de trouver les joueurs à même de les encadrer afin de mettre en place un projet sur trois-quatre ans basé sur des joueurs locaux. Cependant, il faut aussi faire avec les agents qui foutent une zizanie pas possible dans le football. Du jour au lendemain, ils tentent de les faire rêver puis six mois après on retrouve les gamins complètement seuls et abandonnés. C’est un aspect difficile du monde du football.
Propos recueillis par Romain PECHON