50 ANS DU HCAS : Interview d’Antoine Richer
Le Hockey Club Amiens Somme fête 50 ans ! Tout au long de l’année vous retrouverez les portraits de 50 personnalités qui ont « construit » le club. Tant sur la glace que dans le bénévolat, partenariat, personnel du club… D’ici l’été, chaque semaine, vous pourrez déjà découvrir 15 « personnalités » du HCAS. Exceptionnellement cette semaine nous présenterons deux portraits, Dave Henderson et Antoine Richer.
Comment en êtes-vous venu à faire du hockey ?
Il y a eu l’ouverture du centre Coubertin. Je ne connaissais pas la glace mais ma mère m’a inscrit tout naturellement afin que je puisse patiner alors qu’elle allait à son entraînement de basket. J’ai donc commencé au patinage artistique, c’était l’école de la rigueur et de l’exigence. A la fin de la première année, il y a eu la création du club de hockey. J’ai alors rapidement intégré le club de hockey. Le patinage artistique m’a grandement aidé pour la glisse, l’équilibre et la coordination. Le hockey était différent parce qu’il y avait la coordination et l’utilisation de la crosse. Le niveau d’exigence était aussi élevé que le patinage artistique, notamment de la part des nombreux entraîneurs que j’ai rencontré.
Ce sport a donc été une évidence…
Cela allait vite, on pouvait faire de nombreuses choses sur la glace, cela correspondant à mon tempérament. Il y avait aussi cet esprit collectif, la relation avec les entraîneurs. J’ai fait mon premier match avec des joueurs plus âgés que moi. Il y avait jusqu’à cinq ou six ans d’écart avec certains. Mon désir de travailler m’a amené à quitter Amiens. Après trois années à Tours, il y a eu les Français Volants, à Bercy, qui ont accédé au plus haut niveau du hockey français. Ce fut une aventure marquante et intéressante avec plus ou moins de réussite. A la suite de cet épisode, mon retour à Amiens n’était pas évident. J’ai fait un bout de chemin, aussi bien en club qu’au sein de l’équipe nationale.
Vous étiez vu comme un joueur physique et même provocateur…
J’étais un joueur rugueux et j’ai été utilisé de la sorte, à une époque où on jouait au hockey différemment. J’étais un joueur qu’on préférait avoir dans son équipe. J’ai joué dans des patinoires où on est insultés en permanence, où on se faisait cracher dessus. Cela renforce aussi l’image des joueurs auprès de leur public.
Gagner un titre, à domicile, cela a une saveur bien particulière…
J’ai connu les deux et je peux dire que le goût et le partage ne sont pas effectivement identiques quand on gagne un titre à l’extérieur. La communion est différente parce qu’elle est instantanée quand on gagne un titre à domicile.
Quel est la sensation justement quand on est entraîneur…
C’est différent. Nous sommes à la tête du groupe, les responsabilités sont différentes. Le partage est différent. Le staff voit les choses d’un autre œil, le groupe fonctionne bien parce que le staff est là pour épauler. Il y a finalement une communion avec les proches, quelques joueurs et surtout à l’intérieur même du staff.
Quel souvenir en dehors de la glace vous vient naturellement à l’esprit ?
La première fois que je suis allé dans les pays de l’Est. J’ai retrouvé cette une odeur de charbon, l’hiver, dans la ville. Une odeur qui avait marqué mon enfance mais que j’avais oubliée. Cela m’a donc replongé dans mes plus jeunes années. En Roumanie, nous y allions avec des chewing-gums – ce qui était assez normal pour nous – mais quand un joueur le jetait, les gamins se jetaient dessus. Ces différences culturelles et de modernité s’estompaient une fois sur la glace. Nous étions confrontés à des joueurs ne disposant pas du matériel dernier cri mais tout à fait en mesure de nous tenir la dragée haute.
Quels joueurs ont marqué votre esprit ?
Il y en a beaucoup. Je dirais Jean-Paul Farcy, parce que nous avons eu un parcours commun ou Steph Berton pour nos débuts. Ici, à Amiens, nous sommes restés ancrés sur les buteurs comme Dubé, Davidov, Zubkov. Il y a eu de nombreux joueurs d’exception. En ce qui concerne Dave, nous sommes trop proches pour que je sois pleinement objectif. Quand j’étais joueur, nous avons été adversaire pendant de longues années. C’était vraiment un joueur à surveiller, il était l’un des « maillots » forts d’Amiens.
Quel est votre avis sur l’évolution du club d’Amiens ?
On parle beaucoup des joueurs mais il y a aussi un staff indispensable, une direction, des bénévoles ou encore des dirigeants très impliqués. J’ai un sentiment de fierté d’avoir évolué dans ce club. Nous avons une ville agréable, un club qui reste dans le haut de tableau et plus ou moins attractif selon les saisons. Maintenant, l’avenir va être de plus en plus difficile avec des clubs comme Bordeaux et Lyon qui viennent prendre des places dans les six premiers. Ce sont des villes un peu plus riches, avec un potentiel d’accueil plus grand. Cependant, Amiens a des moyens humains pour compenser cela. Un club qui va loin, c’est aussi un club structuré et qui dispose de soutiens. Un club ne se limite pas à un entraîneur et à son adjoint. Il faut tout un volume pour gérer la vie d’une équipe. Il est nécessaire pour un entraîneur d’avoir des interlocuteurs qui lui donnent des retours et qui le soutiennent.