FOOTBALL – Azouz Hamdane : « L’impression qu’ils boycottent les matches à l’extérieur ! »
Après quinze jours de trêve, l’AC Amiens, qui restait sur deux victoires consécutives, est retombé dans ses travers à Drancy (2-0). Au-delà de la défaite, Azouz Hamdane n’a guère apprécié l’état d’esprit affiché par ses joueurs. L’entraîneur amiénois dresse un bilan sans concessions à cinq journées de la fin du championnat et avant la réception de Poissy, ce samedi (18 heures).
Cette défaite est un coup d’arrêt après les deux victoires consécutives fin mars…
Effectivement mais cette défaite est plus que logique, nous ne méritons rien d’autre que ce résultat. Lorsqu’un entraîneur doit se battre contre ses propres joueurs, cela devient rapidement une mission impossible. Une nouvelle fois, nous encaissions deux buts où les joueurs sont complètement fautifs. Certains joueurs sont capables d’être bon un match ou deux mais pas plus. Ils rechutent à chaque fois en raison d’un manque d’implication, de rigueur et de concentration dans l’appréhension des matches. Cela explique notre position actuelle au classement (ndlr : douzième sur seize). Cela devient une mission toujours plus compliquée mais nous allons persévérer afin d’aller chercher le maintien.
Les absents ont finalement fait défaut…
Cela n’a pas aidé, c’est une certitude, mais nous avons aussi des joueurs suspendus parce que nous prenons trop de cartons. Cela prouve qu’il y a une mauvaise gestion de certaines situations de jeu. Si on prend un carton à chaque match, on est logiquement suspendu pour le quatrième. Pour autant, ce ne sont pas les remplaçants de ces joueurs-là qui nous ont mis en difficulté, ce sont ceux qui sont habitués à jouer à ce niveau. En finalité, je suis toujours très déçu par trois joueurs qui retrouveront donc le banc de touche dès ce week-end. Quand ces joueurs-là jouent, nous perdons quasiment systématiquement. C’est un constat malheureux pour eux mais il faut se concentrer à la réalité.
Le match contre Poissy, ce samedi, devient donc crucial dans la course au maintien…
Il devient même essentiel voire vital, c’est le match à gagner. Il faudra gagner les deux matches à la maison et ne pas perdre à Wasquehal. Quand vous ne gagnez pas le moindre match à l’extérieur, cela devient indispensable de prendre des points à domicile.
Comment expliquez-vous cette incapacité à performer loin de vos bases ?
J’ai l’impression qu’ils boycottent les matches à l’extérieur ! Ce n’est qu’une impression que je livre telle qu’elle mais je ne sais pas si c’est leur état d’esprit, il faudra qu’ils répondent à cette question. Ce que je sais, c’est que les matches à l’extérieur sont joués d’une telle manière que je peux dire que je n’ai pas la même équipe à domicile et à l’extérieur. L’attitude et le degré de concentration sont très différents. Je ne parviens pas à me l’expliquer.
On a également le sentiment qu’ils doivent être mis sous pression pour livrer le meilleur d’eux-mêmes. La trêve semble, une nouvelle fois, avoir impacté négativement leur degré d’investissement…
Après le match contre Boulogne-Billancourt, on avait bien fait comprendre qu’il ne fallait pas se relâcher comme cela avait pu être le cas lors de la précédente trêve, où nous avions joué les matches de préparation comme des sénateurs. Une nouvelle fois, je n’ai pas senti la même implication lors du match amical que nous avons joué contre la réserve d’Amiens (ndlr : 1-1). On se retrouve donc à jouer à Drancy contre une équipe qui met de l’intensité dans tous les secteurs du jeu. Nous avons donc été mangés durant toute la durée de la rencontre. J’avais l’impression d’avoir une équipe de DH contre une équipe de CFA. Le tout sans afficher la moindre réaction d’orgueil. Ce match a été mal préparé, ce n’est donc pas une surprise. S’ils n’ont pas encore compris le protocole qu’il faut mettre en place pour préparer un match de cet acabit, il faut qu’ils pensent à revoir l’orientation de leur vie professionnelle ! Je ne peux pas être derrière eux toute la journée, ce n’est plus le même métier sinon. Ils doivent donc prendre le relais et prendre conscience qu’il faut faire des sacrifices. En sont-ils capables ? Je n’en suis pas certain. Avec la qualité intrinsèque de ce groupe, ce n’est pas normal d’en être là à ce stade de la saison.
L’état d’esprit affiché sur ce match vous inquiète-t-il au moment d’aborder le sprint final ?
Cela me fait vraiment peur. A l’exception de quatre ou cinq joueurs qui vont en permanence faire les efforts, ils ont joué en professionnels et n’ont plus rien à prouver. Des joueurs comme Bellaïd, Zobiri, Samb, Matondo montrent la voie à suivre mais les autres sont là à les regarder faire les efforts sans se mettre dans la même dynamique. J’ai vraiment peur parce que nous n’avons pas eu une seule occasion de but. Nous avons été lamentables, nous n’avons pas eu une seule occasion de but. En face, les adversaires jouaient leur vie, ce n’était pas notre cas. Si je fais toujours confiance à mon équipe, parce que j’ai un noyau avec lequel je peux partir à la guerre, j’ai également perdu confiance en certains joueurs. Ils sont capables du meilleur comme du pire, je ne sais donc jamais sur quel pied danser.
Cette saison particulièrement laborieuse vous amène-t-elle à réfléchir sur la possibilité de changer votre approche ou à prendre un peu de recul ?
Je me suis posé toutes ces questions parce que je ne me considère pas comme le plus grand des entraîneurs. J’assume pleinement ma part de responsabilité mais quand cela se cantonne à trois ou quatre joueurs qui sont vraiment en dehors du projet collectif, on peut se dire que cela ne vient pas que de nous. Je vois que l’équipe réserve avance dans le bon sens et comprend les principes de jeu demandés. Je suis un passionné, je n’ai pas envie d’arrêter là. J’aime être sur le terrain et prodiguer mes enseignements, j’aime la relation avec les joueurs. Je souhaite continuer, ma motivation reste intacte. Par contre, si ce n’est pas moi qui pars, ce sera aux trois ou quatre joueurs qui posent problème de partir en fin de saison.
Propos recueillis par Romain PECHON
JA Drancy – AC Amiens : 2-0 (1-0)
Arbitre : M. Potier.
Buts : Abenlinti (42e, 68e).
Avertissements : Despois (5e), Ba (35e), Samb (60e).
AC Amiens : Adrien – Maquinghem, Bellaïd, Villier (Youssoupha, 15e), Martinez – Ba, Dilemfu – Samb (Ringot, 70e), Despois, Boukhelifa (Da Veiga, 60e) – Zobiri.