Louis WIOTTE : « On veut gagner ensemble, avec la manière »

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Le Rugby Club Amiénois, leader dans sa poule de championnat honneur, n’a plus que deux matchs pour s’assurer une place en play-offs déjà presque actée. Dans cette chevauchée folle, seuls une défaite (Lille Iris 19-18) et un match nul (Calais 18-18)  viennent ternir un tableau presque parfait depuis septembre.

Grand artisan de la bonne forme du RCA et déjà auteur de 13 essais et 2 transformations en 11 rencontres, Louis Wiotte, artisan-boucher et ailier de l’équipe senior, s’est confié à GazetteSports sur la première partie de championnat de son équipe, sur ses performances et sur son rugby. Il est à l’origine de près de 25% des points du RCA jusqu’à aujourd’hui (69 points marqués, 280 au total).

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Louis on te connaît sur le terrain par tes performances, dis nous-en un peu plus sur toi..

Je m’appelle Louis, j’ai 19 ans, je suis artisan boucher à Amiens et ailier sur le terrain ! Je suis passé dans l’équipe première du RCA cette année après avoir fait partie de la réserve. Ça va faire 5 ans que je suis au club, après avoir enchaîné une dizaine d’années de tennis à l’AAC (classé 15) ! Professionnellement j’ai travaillé dès mes 14 ans. J’ai eu mon CAP, et donc depuis 5 ans maintenant je suis dans l’entreprise familiale.

Tu sors donc d’un sport individuel ?

J’ai beaucoup appris durant ces années. Je participais à des entraînements quotidiens où il fallait être constant et régulier. Je me suis finalement lassé de ce sport qui me prenait trop de temps et me mettait une forte pression. À ce moment là, il me fallait un sport de contact et de vitesse, et surtout une partie collective qui me manquait. J’ai donc commencé le rugby, pour ensuite faire des détections notamment à Lyon où j’ai été repéré par Bourg-en-Bresse. Mais pour des raisons familiales je n’ai pas pu concrétiser cette étape.

Toi et ton équipe êtes particulièrement bien engagés pour jouer les play-offs, comment tu expliques cette forme ?

C’est vrai qu’on est en pleine confiance. Je pense qu’on a un collectif fait pour aller loin. Les systèmes de jeu fonctionnent bien et je pense qu’on produit un rugby beau à voir. En tant qu’équipe on a de vraies sensations sur le terrain. La structure du club a évolué, le coaching a changé par rapport à l’année dernière et l’entrainement physique additionné au tactique porte ses fruits. On sent dans le vestiaire qu’on a les armes pour mettre à mal pas mal d’équipes. On est plus fluides et plus rapides au fur et à mesure que la saison avance.

Louis Wiotte fait même du dépassement de fonction au sein de son collectif, ici à droite de la photo.

Depuis le début de saison tu es clairement un des hommes forts du collectif, sur lequel on peut compter. Comment est-ce que tu vis ta saison ?

Je me sens bien dans le groupe. On peut parler des résultats individuels et mon nombre d’essais marqués mais ce n’est pas l’objectif de l’équipe. Nous ce que l’on veut c’est gagner ensemble et avec la manière. Moi je fais ce que l’on attend de moi. C’est mon boulot d’aller marquer et c’est ce que j’aime faire. Forcément c’est plus facile. Le coach, Martin Saleille, mais aussi Jean-Sébastien Leblond, l’entraîneur spécifique des 3/4 et Bertrand le préparateur physique, me font confiance et me laissent m’exprimer sur le terrain. Je pense qu’on est tous un peu chanceux d’avoir un staff de qualité, la structure Rugby Club Amiénois et l’équipe encadrante font un très gros travail pour nous. Je les remercie pour ça. Je suis aussi bien entouré, notamment par Lucas Saintomer. On est amis depuis longtemps et j’ai de très bons automatismes avec lui. Sinon tout le monde est soutenu dans la structure et on se sent bien, moi y compris. Les résultats suivent simplement cette tendance.

On se souvient que l’année dernière vous aviez aussi réussi à vous qualifier pour les play-offs. Malheureusement éliminés en 32ème de finale par Nancy (48-10, en menant 10-0 à la mi-temps). Est-ce que ce souvenir reste en vous et est-ce qu’il compte cette année ?

Une élimination en play-offs reste toujours dans les mémoires. La montée en fédérale 3 c’est un objectif important du club, et sur le terrain c’est nous qui représentons les couleurs du RCA. Personnellement je suis arrivé dans l’équipe première cette année, comme beaucoup d’autres jeunes sortis de l’équipe réserve. On découvre les play-offs et on n’a donc pas connu cette défaite mais elle est toujours quelque part dans les têtes. C’est important de rester conscient de cela même si c’est du passé. Aujourd’hui on joue match par match, sans se projeter ni réfléchir. On veut juste tout gagner, garder notre niveau de jeu et de confiance sans faire de calculs.

Comment est-ce que vous allez préparer ces play-offs ?

On va évidemment bien les préparer mais sans rien changer à nos habitudes. On va rester sérieux dans chacun des rendez-vous qui nous attendent. Nos entraînements ne changeront pas, et encore moins notre mentalité. L’objectif reste toujours le même, la victoire collective en y mettant la manière. On a aussi une concurrence très saine entre joueurs dans les différents postes de l’équipe. Tous ces ingrédients ajoutés nous mettent en confiance, même si on est loin de se penser invincibles.

Tu as des habitudes/superstitions avant les matchs ?

J’ai le fameux caleçon porte-bonheur, dédié aux jours de matchs (rires). Sinon on a nos habitudes avec Lucas Saintomer. Je bande mes poignets et j’écris le nom de mes coéquipiers dessus, pas tous, mais ceux sur qui je peux compter durant le match. Lucas fait pareil sur son tee-shirt sous le maillot. Et bien sûr, on s’échauffe toujours ensemble.

On commence à voir une petite révolution dans la pratique du rugby, avec de nouvelles réglementations notamment sur le plaquage. Quel regard tu portes sur ces modifications ?

Je n’ai jamais été physiquement atteint par un plaquage mais j’ai été plusieurs fois témoin de pertes de conscience et de KO sur la pelouse. Ça fait réfléchir. Toutefois j’ai peur que la face du rugby change. À chaque instant on doit privilégier le côté sécurité bien sûr, et plaquer avec intelligence. Mais on aime le rugby pour ce qu’il est, et il ne faudrait pas que ces réglementations changent notre sport.

Personnellement maintenant, à quoi ressemblerait une journée-type avec Louis Wiotte ?

Je me lève à 6h pour être prêt à la boucherie des Halles à 6h30. J’y travaille toute la journée et je finis à 19h, pour ensuite enchaîner à l’entrainement à 21h30. Ça fait des bonnes journées mais je m’épanouie dans ce que je fais !

Si tu devais ne citer qu’un joueur professionnel, et une équipe ?

J’hésite entre Scott Spedding que j’apprécie beaucoup et Teddy Thomas pour sa vitesse et sa capacité de percussion. Pour l’équipe ça sera évidemment l’ASM Clermont !

J’imagine que tu suis le tournoi des VI Nations qui a commencé le week-end dernier. Quel pronostic tu nous ferais ?

Je vois bien l’Angleterre gagner le tournoi, et pour la France.. je les mettrais 3ème !

Martin Saleille, coach principal de l’équipe première en poste depuis septembre livre ses impressions sur son ailier : « Louis a passé un cap cette saison. Il a toujours eu ces capacités de puncheur, et de traverser le terrain à lui tout seul. La saison passée, on se fichait presque qu’il ne rentrait pas dans le projet de jeu, car on savait qu’on pouvait compter sur lui à tous moments. Cette année il est intégralement rentré dans le projet. Il fait partie des jeunes qui ont vraiment évolué, comme Saintomer ou Harbonnier. Ils font beaucoup de bien à l’équipe et sont pleinement dans le groupe. Leur état d’esprit et la maturité qu’ils ont acquis sont des armes pour nous, et surtout pour eux. »

Louis Wiotte, 19ans
1m85, 96kg
ailier
13 essais, 2 transformations pour 11 journées

Propos recueillis par Benjamin Poupart

Crédits photos : Coralie Sombret – GazetteSports

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Publié par La Rédaction

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