FOOTBALL – Olivier Lagarde : « Régis est récompensé de tout son travail »

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Entraîneur de Régis Gurtner depuis deux ans, Olivier Lagarde est le témoin privilégié de son évolution. Satisfait du niveau de performance de son poulain, élu joueur du mois par un panel de journalistes et les lecteurs de GazetteSports, l’entraîneur des gardiens de but de l’Amiens SC a toujours été convaincu que l’Alsacien finirait par s’imposer en Ligue 1. Entretien.

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Etes-vous surpris par le niveau de performance affiché par Régis Gurtner depuis le début de la saison ?

Pas du tout. Quand nous avons commencé à travailler ensemble, on s’était déjà connu à Luzenac un an auparavant, je m’étais fixé comme objectif de l’amener en Ligue 1. Il y avait deux possibilités : soit on y allait ensemble, soit il y parvenait seul. Nous avons finalement eu le bonheur de faire ses deux montées successives ensemble. Il a fait deux bonnes saisons en National et en Ligue 2. Je suis ravi qu’il soit le gardien de l’Amiens SC en Ligue 1 et qu’il affiche un tel niveau de performance. Il avait été très bon contre le Paris Saint-Germain, on a eu plus de mal contre Angers et Saint-Etienne. On a discuté après ces deux matches, on avait voulu changer les choses parce que l’on était en Ligue 1. Régis avait voulu changer son approche et, pour ma part, certaines méthodes. On n’a vu que cela ne nous était pas adapté et on s’est rapidement remis dans notre moule. Aujourd’hui, Régis est amplement récompensé de tout son travail. Les louanges et les récompenses individuelles, qu’il peut avoir actuellement, sont amplement méritées. Il n’a rien volé à personne, il est impliqué et respectueux. Ce n’est pas un agneau, il a son caractère, mais il a été très bien élevé et éduqué. Cela se ressent dans la manière avec laquelle il aborde son métier.

Cela a-t-il été plus vite que vous ne l’aviez imaginé ?

Je pense que c’est un gardien que les gens découvrent ou redécouvrent. Il perce certes sur le tard mais je ne suis pas surpris qu’il atteigne ce niveau. Personnellement, je suis plutôt surpris qu’il n’ait pas eu cette chance plus tôt dans sa carrière. Il y a des gens qui ont douté lors de la première montée entre le National et la Ligue 2. Aux yeux de certains, il n’avait pas le niveau et certains pensaient qu’il fallait recruter un nouveau gardien. Il a démontré qu’il avait plus que le niveau Ligue 2 et, aujourd’hui, il démontre qu’il est à sa place en Ligue 1. C’est un travailleur, il est toujours à l’écoute, il apprend vite et il n’oublie pas qu’il a des manques. Il est parmi les premiers joueurs à demander ses montages vidéo en après-match. Même si je ne suis pas un féru de vidéo dans notre méthode de travail, on travaille chacun avec nos instruments. Il sait très bien que je travaille le jeu des attaquants adverses et que je mets en place des séances pour répondre à cela le week-end de match.

Il ne coûte jamais de but sur des fautes techniques. Je lui demande toujours de respecter tous les ballons, il n’y a aucun ballon facile. Il faut travailler au quotidien et respecter le football

Olivier Lagarde lors d’une séance d’entraînement (Crédits photo : Romain Pechon – GazetteSports.fr

Avez-vous ressenti une progression fulgurante de sa part ces deux dernières saisons ?

Régis a beau avoir 30 ans, il n’est pas fermé. C’est tout sauf un vieux gardien, c’est même un gamin dans sa tête (rires). Je dis toujours que sa femme a trois enfants à la maison et je pense que c’est aussi ce qui fait sa force. On a continué à travailler sur ce qui faisait ses qualités mais on s’est vraiment concentré sur ce qu’il devait améliorer. Il a toujours accepté de me suivre dans la ligne directrice que je pouvais nous donner. Depuis trois ans, c’est l’un des rares gardiens qui n’a pas fait de faute de main. Il ne coûte jamais de but sur des fautes techniques. Je lui demande toujours de respecter tous les ballons, il n’y a aucun ballon facile. Il faut travailler au quotidien et respecter le football. S’il poursuit en ce sens, même s’il a 30 ans et qu’il ne peut pas viser certaines choses, il peut encore avoir de belles ambitions. Je pense qu’il peut goûter à l’Europe, j’espère que ce sera avec Amiens ou bien ailleurs. Je sais qu’il a un long contrat à Amiens, qu’il s’y plait, mais on n’est pas marié à Amiens. En tout cas, je pense qu’il aura déjà accompli de belles choses si on parvient à se maintenir en Ligue 1 et, qu’à titre personnel, il arrive à terminer sa carrière dans ce championnat.

A vos yeux, quelles sont ses principales qualités ?

Techniquement, c’est un excellent gardien. Il sait qu’il doit s’améliorer au pied mais il est en perpétuelle progression dans ce secteur. Les gens gardent en tête le Régis Gurtner d’il y a dix ans, pas très à l’aise avec son jeu au pied. Aujourd’hui, je considère qu’il est, dans ce domaine, au-dessus de la moyenne en Ligue 1. S’il dispose d’une vraie explosivité, sa principale force est qu’il est vraiment complet. Il y a certes des petits manques, que l’on continue à travailler, mais il n’a pas de principal défaut. Il n’est jamais facile, il n’est pas là pour faire des gestes qu’il ne maîtrise pas. Il est là pour être propre, comme sur ses prises de balle où il est l’un des seuls gardiens à encore capter un grand nombre de ballons. C’est important car cela permet de relancer plutôt qu’il dégage en corner et offre une occasion supplémentaire à l’adversaire.

Je suis totalement à son service. Je ne suis pas là pour progresser à titre personnel mais pour permettre à Régis Gurtner de progresser.

Régis semble également s’être épanoui à vos côtés. Vous formez un duo très solide…

C’est le but. L’idée est que l’on progresse tous ensemble. Je suis totalement à son service. Je ne suis pas là pour progresser à titre personnel mais pour permettre à Régis Gurtner de progresser. Si lui progresse, les gens vont se demander qui est derrière cette réussite. J’en tirerai peut-être les marrons du feu plus tard. En attendant, il progresse et tire tout le monde avec lui, le numéro 2, le numéro 3, le numéro 4 et l’entraîneur des gardiens. C’est la raison pour laquelle, avec Christophe Pelissier, on fixe une hiérarchie. Il sait qu’il a notre confiance, il ne va pas trembler tous les week-ends comme certains gardiens. Regardez Areola, depuis qu’il est installé, il est bien plus performant. L’an dernier, les deux (ndlr : Areola et Trapp) étaient moyens alors que ce sont deux très bons gardiens. Le football a changé, il s’est modernisé, mais cela reste un poste à part. On le voit encore avec Metz qui hésite entre ces deux gardiens. Si je casse la confiance de Régis Gurtner en le mettant en difficulté, il n’aura plus jamais confiance en moi. Il a beau nous apprécier, ses performances déclineront parce qu’il ne comprendra pourquoi on le remet en cause. Si cela doit se produire un jour, il faut avoir une discussion franche et trancher définitivement.

Est-ce le gardien avec qui vous avez noué le plus de liens depuis le début de votre carrière d’entraîneur ?

Chaque relation est particulière. Sincèrement, j’ai tissé des liens avec tous mes gardiens. Ils sont tous devenus mes amis une fois que je ne les entraînais plus, je pense que ce sera également le cas avec Régis. Nous avons encore une relation coach-entraîneur à maintenir. Il faut savoir faire la part des choses quand on est amené à travailler ensemble mais cela n’empêche pas de nouer des liens. Avec Régis, nos femmes s’entendent bien, elles sont aussi folles l’une que l’autre (rires). Il y a encore une certaine barrière, même si on va être honnête en avouant que l’on a une relation à part. On a la même idée de la vie, Régis a une excellente base familiale, aussi bien au niveau de sa femme que de ses parents. Je pense que ça a pu lui desservir au début de sa carrière, où il a été un peu trop gentil. Ensuite, il a compris certaines choses, il s’est endurci.

Pensez-vous que cela explique le retard qu’il a pu prendre dans sa carrière ?

Il y a déjà eu sa grave blessure qui l’a éloigné des terrains, il a surement loupé un petit tournant à ce moment-là. Ensuite, il a aussi perdu un peu de temps par le biais de Luzenac (ndlr : Régis Gurtner s’était engagé avec Luzenac durant l’intersaison où le club s’est vu refuser l’accession en Ligue 2). Il s’est retrouvé doublure au Havre alors qu’il sortait d’une très bonne saison avec Boulogne en National. Il ne faut pas avoir de regret, cela fait partie de son histoire. Pour autant, je n’ai jamais douté de ses capacités à évoluer en Ligue 1.

Propos recueillis par Romain PECHON

Crédits photo : Romain Pechon – GazetteSports.fr

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Publié par La Rédaction

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