Les Gothiques font trembler l’Ile Lacroix
Nouvelle journée de Saxoprint Ligue Magnus ce vendredi soir pour les Gothiques d’Amiens, la 25ème de la saison régulière, en déplacement à Rouen. Un derby des Plaines qui s’annonçait difficile et qui condamnait presque les amiénois à l’exploit, compte tenu des nombreuses absences dans l’effectif picard et du niveau de leurs adversaires du jour. Les joueurs de Mario Richer et Anthony Mortas sont toutefois parvenus à réaliser une grande prestation à l’Ile Lacroix, et sont passés tout près de ramener les trois points au Coliseum…
1er tiers-temps : Rouen démarre très fort
Rouen prend dès le début du match les commandes et se procurent quelques occasions dangereuses. Impressionnants sur les sorties de zone et la conservation du palet, ces derniers profitent rapidement d’une première supériorité numérique pour une faute de Grégory Béron. Il ne faut que 12 secondes à l’inévitable Marc-André Thinel pour se placer à la ligne bleue et tromper un O’Keefe masqué d’un tir du poignet (1-0, 3’40, Thinel ass. Lampérier, SN).
Le rouleau compresseur normand est en marche malgré quelques projections offensives amiénoises. Le deuxième but vient d’ailleurs très rapidement lorsque Lampérier dévie devant le portier amiénois un tir à la bleue de Guenette (2-0, 7’15, Lampérier ass. Guenette et Matheson). Mario Richer prend tout de suite son temps mort et change son gardien, qui sur cette action ne pouvait pas faire grand chose puisque deux Dragons lui bloquaient la vue. Ce sera donc le jeune Corentin Cunsolo qui tiendra les cages amiénoises, alors que ni les Gothiques, ni les Dragons, ne profitent d’opportunités en supériorité numérique successives.
A cinq minutes de la fin, Rouen récupère un palet derrière la cage. Thinel contourne la défense amiénoise pour se replacer dans le slot et ajuster facilement Cunsolo (3-0, 15’07, Thinel ass. Guenette). On se disait que cela commençait à faire beaucoup quand, quelques secondes après l’engagement, les amiénois partent en contre et que Riendeau conclut sur un rebond consécutif à un tir de Johansson (3-1, 15’28, Riendeau ass. Johansson et Bourgeois). Quelques secondes plus tard, une charge puissante à la ligne bleue amiénoise de Narbonne sur Patrick Koudys mène à une bagarre entre les deux hommes. Les deux joueurs sont exclus et le premier tiers-temps se termine, trois minutes plus tard.
2ème tiers-temps : Trois minutes de folie
Ce début de deuxième tiers-temps laisse craindre que le scénario ne cesse d’empirer. En effet, alors que les Dragons écopent de deux minutes pour retard de jeu, Dan Koudys et Damien Raux partent en 2-contre-1 et trompent Cunsolo (4-1, 21’30, Raux ass. D.Koudys, IN). C’est alors qu’un invraisemblable retournement de situation intervient et que les Gothiques nous offrent trois minutes de pure folie !
C’est d’abord l’excellent duo Riendeau/Johansson qui sonne la charge. Johansson porte le palet en zone offensive, remet sur Bault qui tire à la bleue. Riendeau profite à nouveau d’un rebond (4-2, 24’14, Riendeau ass. Johansson et Bault). Rouen, dans la foulée, se retrouve en supériorité mais gâche son occasion et écope à son tour de 2 minutes. A 4 contre 4, Johansson remporte l’engagement pour Brisebois qui sert Riendeau en angle fermé qui prend un tir improbable. Bien lui en a pris puisque Sabourin se troue (4-3, 25’36, Riendeau ass. Johansson et Brisebois). Les Gothiques ne veulent pas casser leur élan et sur une contre-attaque, un cafouillage dans une défense rouennaise attentiste permet à Johansson d’égaliser à peine plus de 10 secondes plus tard ! (4-4, 25’50, Johansson ass. Riendeau et Brisebois).
Stupeur à l’Ile Lacroix… mais la « remontada » fantastique ne s’arrête pas là et, grâce à une belle remontée de palet de Joey West, Champagne trompe Sabourin d’un tir instantané et surprenant (5-4, 26’52, Champagne ass. Hecquefeuille et West). Les Gothiques ont anéanti un déficit de trois buts en trois minutes, et ont au passage pris l’avantage. Les Dragons reprennent logiquement le jeu à leur compte et dominent globalement la deuxième partie de tiers-temps. Ils ne parviennent toutefois pas à revenir au score, la faute à un excellent Corentin Cunsolo et un jeu tactique amiénois intelligent. 5-4 pour Amiens à la fin du second tiers-temps.
3ème tiers-temps : Les Dragons sur le fil
Le scénario de ce troisième tiers-temps sera, comme attendu, bien peu mouvementé au score. Les Gothiques cherchent en effet logiquement à résister aux assauts rouennais et le font plutôt – très – bien. Il faut dire aussi qu’ils sont aidés par des dragons plein d’intentions mais trop imprécis pour concrétiser leur domination globale. Domination stérile, donc. Les pénalités sont assez nombreuses et résultent de la tension inhérente au déroulement de la rencontre, opposant des amiénois galvanisés à des rouennais assez frustrés. Olivier Dame-Malka et Joey west écopent par exemple chacun de 2 fois 2 minutes pour un accrochage. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pénalités qui seront la clé de ce match ou tout du moins, du retour des Dragons.
On se dirige vers une victoire amiénoise quand, à moins de trois minutes de la fin de ce tiers-temps, Kevin Hecqufeuille part en prison pour une charge incorrecte. Il ne faut que trois petites secondes dans la pénalité pour que Marc-André Thinel envoie un missile dans la cage du jeune Cunsolo, pourtant héroïque ce vendredi soir (5-5, 57’11, Thinel ass. Guenette). Une nouvelle pénalité à Rémi Thomas n’y changera rien et on aura le droit à une prolongation.
Prolongations : Thinel puissance 4
Une période de prolongations en Saxoprint Ligue Magnus peut durer jusqu’à dix minutes si aucun but n’est inscrit. A trois contre trois, cependant, il est très rare que les filets ne tremblent pas. Guenette vole un palet à Johansson en zone neutre et se projette rapidement en phase offensive. Il se trouve en 2-contre-1 avec Thinel, face à un Kevin Hecquefeuille bien esseulé. Une action d’école : il fixe, feinte, attends qu’Hecquefeuille se « jette » et sert Thinel au second poteau qui a tout le loisir d’ajuster un Cunsolo dont la tentative de parade n’y peut pas grand chose (6-5, 0’23, Thinel ass. Guenette, PR). C’en était fini de cette rencontre assez incroyable, et les Gothiques repartaient avec un bon point de l’Ile Lacroix.
Réaction d’orgueil ou pas, défaits sur le fil, les Gothiques auront toutefois ce vendredi soir prouvé qu’ils peuvent renverser un match et prendre un ascendant flagrant sur un des favoris du championnat. Des qualités indéniables sur lesquelles capitaliser à l’avenir et tenter de finir la saison sur un bien meilleur rythme. En attendant, les Gothiques vont se reposer lors de la trêve et affronteront à nouveau les Dragons de Rouen sur leur patinoire, en quart de finale de Coupe de France, le mercredi 21 Décembre.
Luc ROHAUT