BASKET-BALL : Henri Kahudi : « On ne doute jamais ! »

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Elu sportif du mois d’octobre 2017 par la rédaction de Gazette Sports, Henri Kahudi nous a accordé un long entretien, mercredi soir. Ce prix qui récompense tout autant l’impact du joueur sur son équipe que le très bon début de saison de l’ESCLAMS, l’ancien meneur professionnel estime qu’il le doit principalement à ses coéquipiers.

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Que représente ce début de saison, parfait en termes de résultats ?

Pour l’instant, on va dire qu’on est dans les clous, on est dans notre objectif en termes de victoires. En termes de jeu, on n’est pas encore dans ce que le coach nous demande de faire. On a une équipe très compétitive, on a vraiment une équipe pour pouvoir monter, que ce soit au niveau des joueurs extérieurs ou intérieurs. Malheureusement, on a encore des lacunes en défense. On a des joueurs plus expérimentés, et des jeunes joueurs, et c’est tout ça qui fait que l’on a fait quatre mois où l’on a peu perdu, mais on est encore très perfectibles.

C’est perfectible, notamment sur certains matches où ça se joue à pas grand-chose malgré les écarts finaux..

L’avantage que l’on a, c’est que l’on ne doute jamais ! Même quand on est mis en difficulté, on ne se met pas à douter. Moi, personnellement, je préfère quand les matches sont serrés, même si ce serait bien que l’on puisse faire des écarts pour faire tourner, puisqu’on est neuf ou dix. Pour le coach, ce n’est pas forcément simple de gérer la frustration par rapport au temps de jeu. Nous, qui sommes sur le terrain, il faut que l’on fasse le travail pour aider le coach à ouvrir son banc.

On sent une vraie cohésion d’équipe, où personne n’est mis de côté…

Ce n’est pas la philosophie du coach, ce n’est pas la mienne. J’essaye de faire participer tout le monde ! Quand les jeunes rentrent, je les encourage à prendre des responsabilités, parce que, de toute façon, on a besoin d’eux. A l’image de Thomas (Fortier) ce week-end. Il rentre, il met deux ou trois paniers à trois points qui nous font forcément du bien. Tout le monde doit apporter sa pierre à l’édifice.

Aviez-vous suivi la saison de Longueau l’an passé, où c’était plus compliqué, collectivement parlant ?

J’avais suivi de loin. Ils ont perdu des matches qu’il ne fallait pas perdre. Ca se joue à des détails. Même nous, cette saison, on est à l’abri de rien. Nous sommes attendus, les autres équipes se sont renforcées aussi, donc, forcément, ce sera un championnat compliqué.

L’an dernier, l’équipe était talentueuse, mais on avait le sentiment que ça manquait un peu de cadres ou joueurs expérimentés, est-ce que ce n’est pas ce que vous apportez cette saison ?

Je n’ai vu qu’un match l’an dernier, et je n’avais pas été emballé par le jeu. Je trouvais que ce n’était pas organisé, qu’il y avait trop de un contre trois, et ça ne m’avait pas forcément plu. Après, en tant que meneur, on va dire que j’essaye d’organiser, mais je ne joue pas avec des robots, ce sont des mecs intelligents qui arrivent à reconnaître les situations. En attaque, ce n’est pas là où je parle le plus. Mon rôle le plus important aujourd’hui, c’est vraiment en défense. Je pousse les gars à ne pas lâcher en défense, à rester dans les positions, parce que je sais que c’est par la défense que l’on gagnera les matches, et c’est ce qui m’importe.

Néanmoins, vous savez prendre vos responsabilités quand c’est nécessaire…

Des fois, il le faut pour le bien de l’équipe et pour remettre mes coéquipiers en confiance. Comme je l’ai dit, je joue avec des mecs intelligents, j’ai une entière confiance en eux, s’ils veulent mettre leurs points, ils mettront leurs points, ça ne me dérange pas.

Vous parliez de l’aspect défensif, que ce n’est pas encore au point. On dit souvent que c’est une question de mental et d’état d’esprit, il manque encore un peu de volonté de se battre ?

Je suis complètement d’accord avec ça. On m’a toujours dit que la défense c’est 30% de technique et 70% de volonté, je dirais même que c’est 80-85% de volonté ! Je suis un meneur de grande taille, c’est vrai, mais ça ne me dérange pas de défendre sur un petit ou un mec plus grand, au contraire. Il faut se dire « le mec est en face de moi, il ne doit pas me passer ». Mais c’est le message que j’essaye de donner à mes coéquipiers tout le temps. Je pense que l’on a des lacunes au niveau de la concentration. Parfois on va s’oublier, trop coller son joueur alors que l’on doit être en aide, ou alors parce qu’on rate un panier en attaque, on se relâche en défense. Ce sont des petites choses, mais on doit les gommer si on veut être meilleurs.

L’aspect défensif c’est vraiment là où vous brillez depuis que vous jouez en professionnel..

J’étais pas connu pour ma défense quand j’étais en espoirs. Pour moi, je défendais normalement. Mais quand j’ai commencé à m’entraîner avec les pros, c’est comme ça que j’ai pu prendre des minutes. Je suis une personne assez fière, et si quelqu’un marque face à moi, ça ne me plaît pas. Du coup, j’ai vraiment fait de la défense ma principale arme.

Vous considérez que le match que le match de samedi vous l’avez gagné sur la défense et l’intensité mise en deuxième mi-temps, notamment dans le dernier quart avec plusieurs stops défensifs ?

C’est toutes ces petites choses qui font que l’on bat les autres équipes au final. Au-delà de la longueur de banc, sur ce match, puisqu’on était neuf et Gravelines n’a joué qu’à six, on a plus de joueurs mais on met toujours de l’intensité en défense. On lâche jamais. Quand on est fatigué, on sort et celui qui rentre apporte la même chose. Et je pense que c’est ça qui fait que l’on gagne les matches aujourd’hui.

L’ADN de Longueau a souvent été remis en cause l’an passé, quel est l’ADN que vous voulez avoir cette saison ? Une équipe de batailleurs ?

C’est ce que l’on veut avoir, une identité de guerriers. Après, ce n’est pas facile, parce que tout le monde ne l’est pas forcément. J’essaye de tirer les autres pour qu’on le soit. J’ai des guerriers avec moi dans l’équipe, si je vais à la guerre, je sais que je pourrai y aller avec eux. Jessy (Kangaba), Adnane (Odouala), Salmane (Dicko), Thomas (Fortier), je sais que ces mecs-là, je pourrai toujours compter sur eux, les yeux fermés. Les autres, ça va venir avec le temps, on travaille là-dessus chaque semaine. On va se défoncer à l’entraînement, à se mettre des coups. C’est la réalité des choses. Les matches ne seront pas toujours beaux, pas toujours faciles, mais si on a la volonté en défense, on les gagnera.

Les entames de matches sont compliquées depuis le début de saison, comment vous l’expliquez ? Vous mettez du temps à chauffer ?

On a du mal à démarrer, parce qu’il y a beaucoup de joueurs qui se mettent en confiance par l’attaque. Mais je pense que si l’on se met en confiance par la défense, derrière on a des contre-attaques, et ce serait plus simple pour être en confiance. Mais au final on arrive à rectifier le tir. Contre Gravelines, on a pris -13, peut-être que contre une autre équipe, on ne serait pas revenus. On a eu la chance de jouer à domicile, le public nous a aidé, et on est revenus.

C’est un bon avertissement d’avoir été mis en difficulté comme ça ?

Bien sûr ! Surtout que c’était à domicile. -13 à l’extérieur, ce sera beaucoup plus compliqué, donc il faudra pas que ça arrive à nouveau.

En plus contre une équipe qui était sur une bonne dynamique, est-ce que ça vous a fait douter ?

Non, on ne doute pas ! On connaît nos forces et nos faiblesses, et on essaye de les rectifier. On ne se soucie pas trop de l’adversaire, moi le premier. Je ne connais pas le classement des autres équipes, je ne connais pas vraiment le calendrier. Il y a vingt-deux matches de championnat, il faut en gagner le plus possible. C’est tout.

C’est la force de cette équipe de ne jamais douter ? Se dire que -13, ce n’est pas grave, ça peut se remonter ?

Tout à fait ! -13 dans le premier quart, ça peut se remonter. Dans le dernier, ça aurait été plus compliqué, mais dans le premier, le temps est encore long et on peut gagner. On avait conscience que l’on était mal rentré dans le match, que l’on n’était pas en confiance, donc on a rectifié le tir.

Et qu’est-ce qu’un cadre dit à ce moment-là, quand le premier temps-mort intervient, que l’on sent que l’on n’est pas dedans et qu’un premier écart est fait ?

Je ne suis pas un cadre ! J’essaye juste de remotiver mes coéquipiers, de recommencer à faire des choses basiques. Si, au début de match, on ne rentre pas les shoots, et bien on percute, on joue avec les intérieurs, et on resserre en défense. C’est ça qui fait que l’on est revenus dans le match.

Il faut changer de manière de jouer, et puis les tirs finiront par rentrés..

Bien sûr. On a des joueurs de qualité, avec des bras, on ne s’en fait pas.

On a le sentiment qu’il y a un groupe très modeste, très humble, malgré quelques frustrations sur la qualité du jeu par moment…

Il y aura toujours de la frustration, parce que l’on est dix, on a des bons joueurs. Tout le monde veut participer, forcément. C’est au coach de gérer, mais aussi aux mecs d’être intelligents là-dessus, et de se dire « si ne joue pas trop sur un match, je jouerai plus la semaine d’après, ou même si je ne joue pas beaucoup, il faut que j’apporte parce que l’équipe a besoin de moi ». Au final, tous nos soucis personnels pendant le match, on s’en fout. Le plus important, c’est de gagner le match. Après, ce qu’il se passe pendant le match, au pire des cas, le match sera passé, et ce n’est pas grave. Il n’y a pas de suffisance. On a toujours respecté les équipes que l’on a jouées, même Gouvieux ou Bon Conseil, on les a toujours respectés. Par moment, ce n’est pas de la suffisance, c’est plus un manque de concentration. On se prend des shoots à trois points que l’on ne doit pas, et c’est ça que l’on doit gommer. Contrairement à l’année dernière où l’on disait que l’équipe était arrogante, cette année, ce n’est pas du tout le cas.

Ces dernières saisons, Longueau vivait et mourrait par son adresse extérieure, vous ressentez encore ça chez les joueurs qui sont restés ?

On a des joueurs qui aiment shooter à trois points, mais ce n’est pas un problème, il suffit juste d’avoir de l’alternance. Là je rentre en jeu, Thomas rentre en jeu puisqu’on est les joueurs qui percutent le plus dans l’équipe. Il faut que l’on apporte ça en plus, percuter, soit pour finir nous-même, soit pour faire la passe. On a un jeu qui veut être le plus collectif possible, c’est comme ça qu’on gagnera.

On est obligé de parler de votre cas personnel, où vous avez fait un choix fort de quitter Nantes pour jouer en N3, à Longueau. Qu’est-ce qui a motivé ce choix, et qu’est-ce qui change entre Nantes et Longueau ?

Ce qui a motivé mon choix, je l’ai déjà dit, c’est mon petit garçon. Je veux le voir grandir. Ce n’est pas facile d’être à Nantes et de rentrer tous les week-ends, parce que j’avais la chance de jouer le vendredi. C’était pas simple. Toute ma vie a changé. Les horaires, les nombres d’entraînements, l’intensité des entraînements, tout a changé ! Maintenant je me lève, je vais en cours, le soir j’ai entraînement, trois fois par semaine. C’est pas pareil, mais je ne regrette pas mon choix. Je ne suis pas quelqu’un qui regrette ses choix, et je suis très content de la façon dont tout se passe.

Il n’y a aucun manque de ce que vous avez connu ?

La chose qui peut me manquer c’est peut-être le fait de m’entraîner tous les jours. J’avais l’habitude depuis plusieurs années de m’entraîner tous les jours, de côtoyer beaucoup mes coéquipiers, même si ici on se côtoie et on l’a fait beaucoup en présaison parce qu’on avait plus de temps vu que c’était l’été. Mais sinon, ça se passe très bien.

Si Nantes était monté en Pro A, il y avait une infime chance que vous restiez là-bas ?

Aucune ! Le choix était déjà fait depuis longtemps. Ca ne m’intéressait pas.

Faire monter le club en N2, c’est l’objectif principal ?

C’est le seul objectif ! Je ne suis pas venu ici en star, je suis venu en tant que joueur de basket, je suis un joueur comme un autre, mais j’ai la volonté de tout faire pour que l’on monte en N2. Si j’ai un coéquipier qui ne se jette pas sur le ballon, et bien moi je vais me jeter, parce que je veux monter. Je ne suis pas là pour les stats, je ne suis là que pour monter.

A-t-on tort si on dit que vous êtes votre principal adversaire, et que si Longueau maintient un niveau de constance suffisant, rien ne peut vous empêcher de monter ?

Ce serait mentir de dire le contraire. On est conscients de nos forces et nos faiblesses. Si on est sérieux, on va y arriver, parce qu’à l’heure d’aujourd’hui, personne ne peut nous battre. Tant qu’on reste sérieux en défense, que l’on reste impliqué en attaque à faire tourner le ballon, jouer collectif, à ne pas tomber dans l’égoïsme, que l’on ne se soucie pas trop de l’arbitrage, parce qu’avec les nouvelles règles, c’est compliqué, on peut vite sortir du match. Tant que l’on va rester sérieux sur tout ça, ça le fera.

Comment fait-on pour afficher une confiance aussi élevée, sans jamais tomber dans la suffisance ? La frontière est infime entre les deux..

C’est de la remise en question. Il faut toujours se remettre en question. Même si l’on a dix points d’avance, ce n’est pas pour autant que l’on ne va pas défendre. Il faut toujours se mettre le cul par terre, quoiqu’il arrive, peu importe la minute du match. C’est comme ça que l’on va y arriver. On est attendus par les autres équipes, donc les matches ne sont pas forcément simples. Tant qu’on va rester sérieux de la première à la dernière minute, ça va le faire. On aura forcément des coups de moins bien, mais si c’est en attaque, c’est pas grave, tant qu’on reste dans nos clous en défense, on va y arriver.

Amiens a une équipe de foot en L1, une équipe de hockey en Ligue Magnus, le hand qui essaye de se développer, il y a la place pour un club de basket qui essaye de grandir ?

Il y a la place, dans la mesure où c’est quelque chose qui nous tient à cœur. J’ai grandi dans la région, à l’époque il y avait Beauvais et Saint-Quentin en Pro B, aujourd’hui il n’y a que Saint-Quentin, en N1. Je voudrais vraiment qu’il y ait un deuxième club, au moins en N2, que, si l’on monte, on arrive à se maintenir, et après, on verra dans les années à venir. Mais il y a vraiment quelque chose à faire.

Il n’y a jamais eu autant de basket à la TV, mais on a le sentiment qu’il a du mal à passer un cap en France, comment expliquez-vous ça ?

Il y a de la concurrence, c’est sûr ! Moi le premier, je suis plus à regarder du foot que du basket. Je pense que c’est une question de culture. Quand on regarde les supporters dans le Nord, tous les week-ends ils sont au basket. C’est comme ça depuis des années, parce qu’ils adorent le basket. Le foot c’est le sport le plus populaire au Monde et on ne peut pas rivaliser avec eux. Mais je pense que l’on est pas trop mal en France !

Le développement d’un sport passe par la TV, et les droits TV qui sont liés..

Oui c’est sûr, plus il y a de droits, plus les clubs gagnent de l’argent et plus ils peuvent rapporter des bons joueurs, mais on va dire que pour les joueurs français, c’est tant mieux. Il y a plus de places pour eux.

Vous suivez quand même un peu la Pro A ?

Un petit peu, mais beaucoup moins que quand j’étais joueur. Je regarde l’ASVEL, puisqu’il y a mon frère (ndlr, Charles Kahudi champion de France 2016 avec l’ASVEL, et champion d’Europe 2013 avec la France), Le Mans, puisque c’est mon ancien club, et, en plus, ils font des bons résultats. Mais après, même la Pro B, je ne suis plus.

Comment fait-on, quand on est le frère de Charles Kahudi ? On vous en a beaucoup parlé au début de votre carrière ? C’est difficile à vivre ?

C’est quelque chose de très sympa. Je sais que mon frère est une « star », mais pas pour moi, et pas pour lui non plus. C’est l’avantage, il n’a pas changé par rapport à sa notoriété. Il n’y a pas de problème avec mon frère, bien au contraire, c’est plus de la fierté qu’un poids.

Avez-vous discuté avec lui quand vous avez fait le choix de venir à Longueau ?

Oui, j’ai discuté avec lui ! Au tout début, il ne comprenait pas forcément mon choix d’arrêter. Le système professionnel ne me disait plus, et quand je lui ai exposé les choses par rapport à mes cours, à ma famille, et au projet que j’ai ici, il m’a dit « vas-y » !

Qu’est-ce qui faisait que vous étiez en rupture avec le monde professionnel ?

L’utilisation de certains joueurs, au détriment d’autres. Souvent les étrangers qui sont mis en valeur au détriment de Français, ça ne me disait pas trop. En centre de formation, depuis tout jeune, on te force à repousser tes limites, et, au final, si t’as la chance d’être pro, les places sont limitées puisqu’en Pro A, ce sont six étrangers pour quatre français sur la feuille de match. On est « chez nous » mais on se retrouve en minorité..

On a le sentiment aussi que les clubs vont chercher des Américains qui n’apportent pas forcément plus que des joueurs Français..

Il y a de ça aussi. Et en plus, ils peuvent avoir des passeports européens, donc il y en a encore plus, et au final, c’est un peu du « foutage de gueule ». Il vaut mieux jouer à un niveau inférieur. J’ai commencé le basket par plaisir, je joue par plaisir. Je ne fais pas du basket pour rester quarante minutes sur le banc ou pour dépanner deux minutes. Mon but c’est de jouer, pas juste de m’entraîner.

Il y a eu des discussions à un moment donné avec le SQBB ?

Non ! J’avais dit à mon agent en début de saison dernière que j’aimerais bien signer au SQBB à l’été, et qu’il se renseigne pour savoir s’il y avait une possibilité. C’était soit ça, soit retourner à Rouen. Ce n’est pas quelque chose que j’aurais préféré, mais je l’aurais fait si j’avais dû. Je me suis dit après que mon choix avec changé.

Vous avez donc décidé de démarrer une nouvelle vie, à 26 ans. Ca ne doit pas être évident comme choix.

Je le vis bien, ça se passe bien. On va dire que la première semaine entre les cours et le basket, ça a été difficile. Pas tant le fait de se remettre dans les cours, mais dans le rythme, puisque ce n’est pas du tout la même vie au final. Puis quand tu as passé huit ans sans aller en cours, ce n’est pas simple. Mais je me suis dit que je le faisais avant, quand je passais mon bac, mon permis, que je m’entraînais avec les pros et les cadets. Aujourd’hui je me dis « comment je faisais ? » !

C’est un retour à une vie « normale »..

C’est une vie normale ! De toute façon, c’est ce que je suis, quelqu’un de normal.

Quel regard portez-vous sur la NBA ?

Je n’aime pas ! Je supporte Memphis, mais les matches NBA que j’ai vu cette année ne m’ont pas plu. Pour moi, ce n’est pas le basket. Ce n’est pas structuré, ça joue à un contre trois, l’arbitrage je n’en parle pas. Pour moi c’est un jeu d’équipe. Heureusement que toutes les équipes ne jouent pas comme ça, certaines ont une identité collective. Mais il y en a d’autres, où on met un mec en avant et puis on gagne, c’est bien, on perd, c’est pas grave.

Du coup, vous n’êtes pas trop fan des Warriors..

Non, pas du tout ! Pourtant, ils ont un jeu collectif ! Mais c’est une armada, je n’aime pas ça. C’est du show. Maintenant tu peux marcher pour passer ton vis-à-vis, pour moi, c’est pas du basket.

Que pensez-vous des débuts de Frank Ntilikina en NBA, dans un contexte particulier, à New-York ?

Je suis surpris, parce qu’il y a beaucoup de joueurs qui partent en NBA et qui finalement ne jouent pas. Lui il a sa chance, et, de ce que je vois, il est bon. On n’attend pas de lui qu’il mette vingt points par match. Il est dans son registre, son coach attend de lui qu’il défende et c’est ce qu’il fait. Si j’étais lui, je prendrais tout ce qu’il y a à prendre, parce qu’on ne sait jamais de quoi demain est fait.

C’est un meneur qui vous plaît, il défend, il fait jouer les autres, il accepte d’aller au charbon…

J’aime bien son style de jeu. Il est pas mal !

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette saison, hormis la montée avec Longueau ?

D’avoir mon diplôme ! Avec la montée, ce sont les deux gros objectifs que j’ai cette année. J’ai ce double projet là, et je vais tout faire pour réussir les deux. Sinon, aller aussi le plus loin possible en coupe de France et être champion de Picardie.

Quelle est votre relation avec Liam Michel, qui est extrêmement apprécié au club ?

Elle est très saine ! J’essaye d’être un appui pour lui, déjà sur le terrain avec les gars, mais aussi en dehors. Je ne le connaissais que de nom, et c’est un bon mec, toujours à l’écoute des autres. Il y a des coaches à qui on ne peut parler avec qui le basket c’est comme ça et pas autrement. Avec Liam, on peut discuter et trouver des solutions. Il n’est clairement pas fermé. Pour lui, et c’est la réalité des choses, il n’y a pas qu’un seul basket. Ce n’est pas mathématique. Je partage aussi des valeurs avec lui, en termes de jeu collectif, de défense, je pense aussi que c’est grâce à cela que ça se passe bien.

C’est un coach qui prône le jeu défensif, qu’il y ait cinq ou vingt points d’écart au final, il évoque toujours la défense, c’est ce qui est plaisant avec lui ?

Oui, tout à fait ! Il sait, comme moi, que c’est comme ça que l’on va y arriver. C’est par la défense, et pas autre chose.

C’est une « distinction individuelle » que l’on vous remet, quel est votre rapport avec ce genre de choses ?

Je suis satisfait, mais je le dois à mes coéquipiers. Ce n’est pas moi, principalement. J’entendais beaucoup, dans mon entourage, des « Henri, tu vas en N3, tu vas te balader », je disais non ! Je viens ici simplement pour jouer au basket, pas pour dire « tais-toi, moi j’ai fait ça, toi t’as fait ça », je suis pas là pour écraser les autres ou faire le show. Je suis juste un joueur parmi les neuf autres de l’équipe, et je vais tout faire pour que l’on gagne.

Ce serait réducteur de dire que vous n’avez pas besoin de forcer votre talent, à ce niveau de la compétition ?

Non, c’est la vérité ! Je ne dirai pas le contraire. Il faut déjà qu’au moment où l’équipe a besoin de moi, que ce soit en défense ou par le scoring, que je sois présent. Après, si on a la chance de monter, il faut que je sois au niveau. C’est tout. Parce que si je ne suis pas au niveau, j’aurais aidé le club à monter, pour rien si on redescend derrière.

Est-ce que vous avez senti une volonté de se « payer Kahudi » chez certains adversaires ?

Je prends souvent des critiques, oui. Sur le terrain, par les joueurs, c’est pas grave, c’est un peu pour chambrer. Par contre le public, ça m’est déjà arrivé à Bihorel, je réponds, ça me dérange pas. Je réponds avec le ballon en main et avec la voix. On peut parler, ça dérange l’arbitre parce qu’on n’a pas le droit de parler avec le public, mais je ne suis pas quelqu’un qui ne va rien dire et fermer sa gueule. Je n’ai pas encore pris de technique pour ça, mais j’en ai déjà pris deux dans la saison, donc il faut que je fasse attention.

Propos recueillis par Adrien ROCHER et Romain PECHON

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Publié par La Rédaction

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