CROS : Les entraineurs picards disposent de leur académie

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Les entraineurs picards disposent de leur académie

Un  an après le lancement de l’académie des entraîneurs picards, lors d’une rencontre fondatrice tenue à Boves, le Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Picardie a organisé, jeudi dernier, à Nogent-sur-Oise, la première conférence annuelle des entraîneurs picards. L’espace d’une soirée riche en réflexions, l’entraîneur a été mis au centre des débats et des problématiques du sport de haut niveau.

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Le concept de l’académie des entraîneurs

Le président du Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Picardie Claude Fauquet a lancé cette première cérémonie annuelle en rappelant les objectifs de l’académie des entraîneurs picards, à savoir « valoriser les entraîneurs picards, eux qui sont si méconnus et dont l’engagement est rarement souligné, c’est aussi les faire se rencontrer et contribuer à leur perfectionnement participant donc à l’amélioration de la performance du sport de haut niveau en Picardie. »

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Claude Fauquet. Crédit photo : CROS Picardie

Ce projet d’académie des entraîneurs est le fruit d’une réflexion menée par l’ancien DTN de natation au milieu des années 2000. Si l’académie n’a pas pu être développée au niveau national, cela n’a pas découragé Claude Fauquet, dont l’obstination n’est plus à démontrer. Ce dernier a donc relancé l’idée à la suite de son élection à la tête du CROS de Picardie, en juin 2013.

Trois ans plus tard, la création d’une commission « l’académie des entraîneurs picards » au sein de l’association du CROS de Picardie a officiellement acté son existence. En outre, le comité directeur du CROS de Picardie a également validé, le 18 juin 2015, la nomination des cinq membres fondateurs de l’académie : Jean-Paul Bourdon (athlétisme), Michel Chrétien (natation), Laurent Hernu (athlétisme), Stéphane Hucliez (tennis de table) et Daniel Goberville (tir).

« Une initiative originale et unique en France »

En clôture de son discours inaugural, Claude Fauquet a évoqué le fonctionnement de cette académie, précisant que « les normes d’une académie seront respectées ». Cela se traduit par l’investiture d’un nouveau membre lors de chaque conférence annuelle. Le nouvel « académicien » est alors tenu de prononcer un discours d’investiture devant l’ensemble de ses pairs. Cette année, c’est Francis van Londersele (cyclisme) que revient l’honneur d’intégrer l’académie.

L’académie des entraîneurs s’appuiera également sur un système de parrainage. Le principe est simple, chaque membre de l’académie prendra « sous son aile » un entraîneur, le plus souvent un jeune entraîneur, pour l’année à venir afin de « lutter contre la solitude de l’entraîneur et assurer un partage d’expérience » selon Claude Fauquet.

Ambitieux, le président du CROS de Picardie entend bien étendre son concept à la nouvelle grande région. « C’est une initiative originale et unique en France. Bientôt, il n’y aura plus assez de place pour accueillir l’ensemble des entraîneurs, on ne parlera plus d’académie des entraîneurs picards, ce sera l’académie des entraîneurs des Hauts-de-France ».

La construction d’une carrière d’entraîneur

Le temps fort de la soirée fut certainement l’intervention animée par Claude Fauquet sur le rôle de l’entraîneur. Premier grand témoin, Michel Chrétien, entraîneur de Jérémy Stravius, est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à devenir entraîneur. « J’étais un nageur très moyen, je me suis rendu compte que je n’irais pas plus haut, mais je voulais faire quelque chose dans le sport. J’avais vingt ans, on m’a proposé une formation qui était rémunérée, certes, mais j’avais aussi la volonté de m’inscrire dans un métier formateur ».

Un parcours que partage Francis van Londersele, entraîneur de l’équipe de cyclisme Cofidis entre 1997 et 2010, en déclarant lors de son discours d’investiture : « à 22 ans, j’avais atteint le summum en amateur, on peut même dire que j’étais sur la pente descendante, j’avais perdu toute ambition. J’ai voulu arrêter le cyclisme, j’ai même travaillé en entreprise pendant un an. Puis, je suis retourné sur les courses, j’ai pris deux coureurs à l’entraînement, j’ai alors senti que j’avais passé une autre phase, mon désir était désormais de transmettre, d’échanger ».

Pour ces deux hommes, l’échec relatif de leur carrière de sportif n’a pas altéré leur passion pour leur sport respectif, leur goût pour la transmission. Pour Michel Chrétien, cela a même influencé son approche du rôle d’entraîneur. « Lorsque je nageais, j’étais déjà critique vis-à-vis des entraînements que je faisais. A l’époque, j’étais admiratif de la natation américaine ou australienne. A mes yeux, la performance était indissociable de l’esthétisme, cela prédit forcément la performance finale. Avec Jérémy, j’ai retrouvé ce cocktail, la première fois que je l’ai vu je n’ai même pas regardé son temps, je me suis concentré sur son esthétisme ».

L’athlète au centre de la réflexion de l’entraîneur

L’entraîneur d’Amiens Métropole Natation s’est également confié sur le travail au quotidien et les embuches – à savoir les éléments externes – qu’il a pu rencontrer au début de sa carrière d’entraîneur « Le premier jour d’entraînement, j’ai vite déchanté, je me suis rendu compte qu’il fallait me structurer avant de pouvoir entraîner. Finalement, j’ai passé quatre ans à imaginer la structure idéale afin de pouvoir entraîner. Je faisais alors de la formation, mais pas de l’entraînement à la performance ».

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Claude Fauquet et Michel Chrétien. Crédit photo : CROS Picardie

De ce fait, Michel Chrétien avoue que son approche du métier a évolué au fil de sa carrière, fortement influencée par son parcours personnel. « Au début de ma carrière, je pensais que la structure était indispensable pour la mise en œuvre d’un projet, je constituais des séances d’entraînement dont j’avais moi-même du mal à comprendre toutes les subtilités. Quand je suis arrivé à Amiens, j’ai dépassé l’idée du cadre comme condition sine qua non à la réussite. J’ai alors placé le sportif au centre même de ma réflexion ».

A bien écouter Michel Chrétien, cette approche de son métier d’entraîneur conditionne grandement la relation qu’il entretient, aujourd’hui, avec Jérémy Stravius. Au-delà de la mise en application des compétences techniques et théoriques durant l’entraînement, l’origine du succès commun des deux hommes, depuis près de six ans, s’expliquerait principalement par la parfaite adéquation de leurs personnalités et caractères respectifs. En quelque sorte, Michel Chrétien et Jérémy Stravius se sont « trouvés », créant ainsi une relation de confiance, un lien humain, allant bien au-delà de la traditionnelle relation entraîneur-entraîné.

Michel Chrétien clôt ce temps d’échange avec une phrase résumant parfaitement l’esprit général de la soirée : « Nous sommes acteurs d’une partie de la pièce que nous avons contribué à écrire ».

Mise à l’honneur des médaillés d’Atlanta 1996

Après deux heures de réflexion sur le métier d’entraîneur, la soirée s’est terminée par un temps plus institutionnel. Sous recommandation de Lionel Herbet, le CROS de Picardie a mis à l’honneur les sportifs picards médaillés lors des Jeux olympiques et paralympiques d’Atlanta 1996. C’est ainsi que Sophie-Moréssée-Pichot, médaille d’or en escrime dans l’épreuve de l’épée par équipe ; Philippe Ermenault, médaille d’argent en cyclisme sur piste dans l’épreuve de la poursuite individuelle ; et Bertrand Vecten, médaille d’argent en aviron dans l’épreuve du quatre sans barreur, ont reçu un panier garni et les applaudissements de l’ensemble de l’audience. Les autres médaillés, à savoir Christophe Cappelle (cyclisme), Francis Moreau (cyclisme), Michèle Amiel (tir à la carabine) et Nathalie Bizet (équitation), n’ont pas pu faire le déplacement.

Le mot de la fin est naturellement revenu à Claude Fauquet : « les limites de l’entraîneur sont souvent celles que nous nous fixons, ce sont les limites naturelles. Cependant, il y a aussi de plus en plus de limites institutionnelles, à ce sujet le CROS entend venir en aide et accompagner les entraîneurs, tout simplement parce que les entraîneurs et les athlètes sont en capacité de nous faire rêver ». Avant de donner rendez-vous à l’année prochaine, le président du CROS a donné la devise de la toute nouvelle académie des entraîneurs picards : « être sérieux sans se prendre au sérieux ». Tout un programme. 

Romain PECHON

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Crédit photo : CROS Picardie