Alain GEST : « Je suis fier d’être Picard »

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Alain GEST : « Je suis fier d’être Picard« 

Le rendez-vous avait été fixé dans une loge de la Licorne après le match ASC- Les Herbiers. Nous voulions connaitre le sentiment d’Alain Gest, Président d’Amiens-Métropole sur le nom de la nouvelle grande région et évoquer la situation du sport à Amiens.

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Alain Gest a eu plusieurs vies mais celle consacrée pleinement au sport a été peut-être la plus enrichissante au plan des souvenirs. Alain Gest se targue aussi d’être l’ami de l’ancien champion olympique du 110m haies, Guy Drut, qui a occupé le poste de Ministre des Sports et avec qui, il continue d’entretenir les meilleures relations. Les deux hommes, amis de lycée,  se sont ensuite retrouvés à l’Assemblée Nationale et récemment, pour ses 30 ans de mandat, Guy Drut a répondu à l’invitation de son ami Alain Gest. « J’ai baigné dans le sport tout petit, souligne Alain Gest. J’ai été président de la Ligue de Picardie de tennis de table et membre du comité régional olympique. Cela reste un milieu que j’aime bien », avoue Alain Gest dont le père a été chef des sports au Courrier Picard et avec qui, l’auteur de ces lignes a eu l’occasion de travailler.

On ne pouvait pas ne pas débuter l’entretien sans évoquer le sujet brûlant du moment : la disparition du mot Picardie de la nouvelle Grande Région appelée désormais Hauts de France.

Lionel HERBET : Alain Gest, en 1996, M. Samaranch le président du CIO dit que la Picardie qui a glané de nombreuses médailles aux Jeux d’Atlanta, est la première Région sportive au monde. Aujourd’hui, tout est balayé?

Alain GEST : On ne balaie rien du tout.

Ce qui a d’abord balayé la Picardie, c’est la création d’une Grande Région. La Loi a été votée et a fait qu’ont été créées de grandes régions en France. Il s’est alors agi de trouver un nom technocratique mais évidemment que cela n’empêchera jamais personne de dire que nous sommes Picards, que nous sommes fiers d’être Picards et que la Picardie historique existera toujours.

J’aurais parfaitement compris que les gens se plaignent parce qu’il y aurait eu une préférence du Nord-Pas-de-Calais par rapport à la Picardie dont on ne parlerait plus. J’aurais aussi compris les protestations si en face, on m’avait mis une proposition. Or, il n’y a pas eu de proposition. A partir de là, c’est un combat d’arrière garde. La chose est décidée. Hauts-de-France, cela permet d’avoir une vision qui n’est pas tournée vers le passé mais je le répète, cela n’empêchera jamais personne d’être fier d’être Picard et d’être né dans cette région. Si cette grande région s’était appelée Nord-de-France, je vous assure que j’aurais toussé.

L-H : Votre père a créé le Tour de Picardie cycliste bien avant du reste sa création officielle par le Général de Gaulle. Il doit se retourner dans sa tombe?

A-G : Si mon père se retourne dans sa tombe, ce n’est pas à cause du nom de la région mais à cause de la Loi qui a créé justement cette Région et qui, pour moi, n’a pas de sens. Aujourd’hui, il est trop tard. Il fallait que ceux qui se plaignent aujourd’hui se mobilisent quand il était encore temps. Personne ne s’est mobilisé comme souvent malheureusement. Quand il s’agissait de défendre AMIENS capitale, nous nous sommes souvent retrouvés seuls. Maintenant, les pleureurs d’après décision, cela franchement me dépasse et c’est un combat qui n’a pas de raison d’exister.  C’est un débat que je ne comprends pas. Revenons en arrière. Quand la Picardie a été créée en 1964, il y avait  plein de gens qui ne se sentaient pas du tout Picards. Aujourd’hui, les gens de Senlis et de Château-Thierry ne se sont jamais sentis Picards. La Picardie historique, c’est une partie de la Somme, une partie de l’Aisne, une de l’Oise  et aussi une partie du Pas-de-Calais. Cela ne recouvre donc pas l’ensemble de la région.

Moi, je suis fier d’être Picard.

L-H : A Amiens, il y a de nombreux anciens champions qui disparaissent et dont on ne perpétue pas la mémoire. Ainsi, Bernard Quennehen et Jacques Bataille?

A-G : Personnellement, je n’ai aucune hostilité à ce qu’on fasse quelque chose mais encore faut-il trouver une façon de rendre hommage à ces champions disparus. Peut-être leur nom devrait-il être donné dans des Maisons de Sport, des salles comme celles au  CDOS et qui porteraient le nom d’anciens sportifs picards. Je trouverai cela très bien. C’est vrai que pour des cyclistes ce n’est pas très pratique car on ne peut pas donner le nom d’une route à un ancien champion. La question est donc de savoir comment on peut formaliser une sorte d’hommage. C’est plus facile pour Jacques Bataille qui a été champion d’Europe amateurs. Il y a aussi les tribunes de la Licorne.

L-H : Et la natation à Amiens ? Et ce plan de ski nautique à Dreuil ?

A-G : Il va y avoir deux piscines au lieu d’une et un grand bassin nordique. On réfléchit au sujet.

J’ai beaucoup œuvré pour qu’au sein de la Métropole, nous ayons un parcours de ski nautique. Nous avons trouvé un terrain d’entente avec Michel Thiefaine, le maire de Dreuil-les-Amiens. Cela va faire un beau parcours. Nous sommes dans une région nature avec beaucoup d’espaces d’eau et c’est un atout supplémentaire.

L-H : Quel est votre rêve aujourd’hui?

A-G : J’aimerais bien qu’il y ait une équipe d’Amiens en football et qui atteigne le haut niveau. Je pense qu’il faut être raisonnable.  Les capacités financières  ne nous permettent pas d’être tous azimuts. Aujourd’hui, c’est très difficile d’avoir deux équipes à des niveaux très proches. J’ai dit qu’il fallait que ces clubs travaillent ensemble et j’attends le premier match amical entre les deux équipes. Mais je sais aussi qu’il y a par exemple un très bon entraineur à l’Amiens AC.

L-H : Un mot sur le tennis de table qui retrouve son standing d’antan ?

A-G : Le tennis de table à Amiens s’est redressé grâce à une nouvelle équipe de dirigeants très dynamiques  avec M.Chatelain qui représente une vraie famille de pongistes et dont le frère Nicolas a participé aux Jeux Olympiques. Il faut se souvenir qu’Amiens a été champion de France et a joué en Coupe d’Europe. C’était Jean Renaux le président. Je suis ravi car la salle de la rue Gaulthier  de Rumilly est une des plus belles de toute la France. Compte tenu de son passé, de la tradition pongiste à Amiens, il était indispensable que le club se restructure.

L-H : Allez-vous aider encore plus Jérémy Stravius avant Rio?

A-G : Il y a d’abord les aides allouées en tant que sportif de haut niveau. J’ai rencontré Jérémy Stravius au lendemain de ses déconvenues de l’été dernier et lui ai dit que nous sommes derrière lui et que s’il avait besoin d’une aide supplémentaire, nous étions prêts à le faire. Il sait qu’il peut compter sur notre soutien. Il a fait un choix sportif. C’est dangereux mais très courageux de sa part. Et je suis persuadé que si à Rio, il a des résultats, il n’arrêtera pas sa carrière et la poursuivra encore deux ans.

Propos recueillis par Lionel HERBET